Une star de la physique s’attaque au cancer
Lorsque Delphine Bouilly a commencé son doctorat, elle n’imaginait jamais que son parcours l’amènerait à travailler en recherche médicale. En effet, la physicienne de formation s’intéresse à créer une nanoélectronique qui s’appuie sur des nanomatériaux tels que les nanotubes de carbone. Pour ce faire, elle travaille avec des systèmes exotiques: nanotubes de carbones, graphène et autres matériaux de faible dimension.
Récipiendaire de la prestigieuse bourse Banting, elle poursuit ses études comme stagiaire postdoctorale à la Columbia University de New York, où elle commence à intégrer des biomolécules à ses dispositifs, cherchant à construire des transistors à base d’oligomères d’ADN qui pourront servir de biosenseurs. Ce projet lui fait découvrir une nouvelle communauté, aux approches et aux problématiques très différentes de celles des physiciens. Elle apprécie ce milieu et, lorsque l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l’Université de Montréal annonce un poste de professeur sous octroi pour de la recherche fondamentale, elle postule avec un programme de recherche très original qui met de l’avant à la fois son expertise en nanoélectronique et ses travaux sur les biomolécules.
Aussitôt engagée, Delphine Bouilly profite de cet institut multidisciplinaire pour lancer plusieurs d’avant-garde visant à développer de nouvelles classes de capteurs, plus sensibles, plus rapides et beaucoup plus petits, visant entre autres, à détecter “ à détecter certaines cellules cancéreuses résistantes au traitement dans des types de cancer du sein et de leucémie. Ces projets lui valent d’obtenir en 2017, quelques mois seulement après son arrivée, la Chaire de recherche du Canada en bionanoélectronique.
Si ces projets portent sur questions médicales, les nanocircuits à la base des capteurs sont conçus et fabriqués par Delphine Bouilly et son équipe en s’appuyant sur des techniques de physique et de génie de pointe. En choisissant d’intégrer le département de physique, au rang de professeure adjointe, en 2019, tout en maintenant ses activités de recherche à l’IRIC, Delphine Bouilly peut donc plus facilement recruter les étudiants dont elle a besoin et contribuer à renforcer le groupe de biophysique du département tout en maintenant des contacts étroits et quotidiens avec ses collègues du côté médical.
L’originalité et la qualité des recherches de Delphine Bouilly, de même que le pont qu’elle jette entre la physique et la médecine sont la personnification même des ambitions de l’Université de Montréal. En effet, la professeure Bouilly, ayant déjà reçu un nombre impressionnant de prix et d’honneurs en ce début de carrière, vise l’intégration des savoirs disciplinaires pour une meilleure compréhension de notre monde, pour le plus grand plaisir des étudiants et des collègues qui ont eu l’occasion de travailler avec cette chercheuse et enseignante exceptionnelle.
Normand Mousseau
Département de physique
Université de Montréal