C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de Bernard Goulard à la fin de l’année 2021. Titulaire d’un doctorat de l’Université de Pennsylvanie (1964) sous la direction d’H. Primakoff, Bernard était un physicien théoricien des interactions faibles nucléaires. Recruté en 1972 au sein du Département de physique de l’Université de Montréal, il constitua avec ses amis collègues Jean Letourneux et Mike Pearson un ‘noyau dur’ de physiciens théoriciens qui a formé mais surtout inspiré plusieurs générations de physiciens et de physiciennes dans le dernier quart du XXieme siècle. Bernard était un physicien singulier, érudit et généreux. Singulier par la diversité des champs scientifiques qu’il a su explorer avec intelligence et originalité. De la théorie des champs mésoniques aux premiers pas du calcul parallèle, en passant par la neuroimagerie électromagnétique médicale et les réseaux de neurones appliqués à l’industrie nucléaire, Bernard eut un parcours scientifique à l’image des physiciens classiques, curieux de comprendre le monde et sa complexité.
Érudit par ses vastes connaissances sur l’histoire de la physique, Bernard avait cette intuition aiguë pour anticiper les directions scientifiques à suivre. Des théories de jauge au calcul symbolique, il fut un initiateur essentiel pour plusieurs jeunes chercheurs et chercheuses. Généreux, Bernard le démontrait sans économie par son écoute attentive de ses étudiants et étudiantes qui se souviendront probablement de Bernard comme celui qui aura contribué le plus à leur montrer que la physique repose d’abord sur la curiosité et l’héritage d’un savoir.
Bernard Goulard était un humaniste qui aimait la science dans sa diversité, qui anticipa et contribua au décloisonnement des disciplines pour l’avancement de la pensée scientifique et une innovation technologique originale et de qualité.
Jean-Marc Lina