Le Complexe des sciences

C’est le lundi 16 septembre 2019 que les étudiants de quatre des départements de sciences de la Faculté des arts et des sciences, chimie, géographie, physique et sciences biologiques foulaient pour la première fois les corridors du Complexe des sciences du campus MIL, précédant ainsi son inauguration officielle par le premier ministre du Québec, François Legault, qui se déroula quelques jours plus tard. La rentrée devait bien sûr se produire dès le début du trimestre d’automne, mais quelques – disons pudiquement – retards dans les travaux de construction (ici, jurons bien sentis ) justifièrent le délai. Par contre, l’administration des quatre départements était déjà à pied d’œuvre depuis plus d’un mois pour s’assurer que tout se déroulerait comme sur des roulettes. Plusieurs se rappelleront le BBQ de bienvenue du 2 octobre 2019 qui, malgré le froid de canard qui prévalait ce jour-là, ponctua la rentrée dans la bonne humeur, alors que la directrice et les directeurs des départements concernés, dont votre humble serviteur, s’activaient à faire cuire galettes de bœuf et saucisses à hot-dogs.

Le Complexe des sciences s’articule sur deux bâtiments, le A, qui contient les amphithéâtres, auditoriums et salles de cours, et le B, où l’on retrouve les bureaux des professeurs et des étudiants aux cycles supérieurs, les salles de réunions, les laboratoires d’enseignement au premier cycle et près de 190 laboratoires de recherche. Ce qui frappe tout visiteur qui pénètre dans l’un ou l’autre des deux bâtiments, c’est la luminosité de ceux-ci, car les architectes ont fait un effort particulier pour exploiter à fond la lumière naturelle. Les deux bâtiments sont séparés, au niveau du rez-de-chaussée, par la Bibliothèque des sciences et, au niveau du deuxième étage, par la passerelle bleue, une des rares voies qui permettent de relier Parc-Extension et Outremont. Cette passerelle est maintenant empruntée quotidiennement par une foule d’usagers, piétons, cyclistes, véliplanchistes, mamans derrière une poussette, bambins derrière leurs puéricultrices, ce qui en fait un lieu des plus animés. Il n’est d’ailleurs pas fréquent qu’un campus universitaire s’implante ainsi au milieu d’une zone à forte vocation résidentielle et, dès le départ du projet, l’ancrage du complexe des sciences dans son voisinage a été mis au centre des préoccupations de ses concepteurs et de ses occupants.

Pour la petite histoire, le Complexe des sciences se situe sur une ancienne gare de triage du Canadien Pacifique. C’est là que le recteur Robert Lacroix voulait implanter le Centre hospitalier de l’Université de Montréal, mais il se heurta à l’opposition du ministre de la Santé de l’époque, Philippe Couillard, qui favorisait le site actuel du centre-ville. À quelque chose malheur est bon, car il n’est pour ainsi dire plus possible maintenant d’ajouter de nouveaux immeubles sur le site de la montagne de l’Université de Montréal. Le site du campus MIL est bordé au nord par la voie de chemin de fer du CP, au-dessus de laquelle s’élance la passerelle bleue, et la ligne bleue du métro de Montréal passe directement en dessous. Rien de surprenant à ce que le bleu soit la couleur dominante du campus!

J’ai été impliqué dès 2012 dans la préparation des plans du bâtiment B. Je ne compte plus les réunions auxquelles j’ai participé pour définir un projet qui ne soit pas seulement à la fine pointe du moment, mais qui puisse se projeter dans les décennies à venir. J’ai été particulièrement impliqué dans la réduction de l’impact des vibrations induites par de lourds convois ferroviaires passant à quelques dizaines de mètres au nord du bâtiment et un métro à quelques dizaines de mètres sous celui-ci. Ce problème est crucial pour un complexe qui abrite des microscopes et des systèmes laser très sensibles aux vibrations. Après plus d’un an d’utilisation des nouvelles installations, je peux vous assurer que le défi a été relevé par les architectes avec grand succès! J’ai aussi eu à défendre la vision de mes collègues physiciens relative aux aménagements du laboratoire d’enseignement général et de sa section consacrée aux expériences d’optique. Tous ceux qui ont connu et fréquenté le vénérable C-400 du pavillon Roger-Gaudry auront peut-être un pincement au cœur d’apprendre que ce laboratoire n’existe plus, mais je peux vous assurer que nos nouvelles installations sont nettement plus appropriées aux défis de la science du XXIe siècle.

Certes, tout n’est pas parfait. Les critiques font état, aussi bien de la hauteur insuffisante des marches des escaliers que de la difficulté d’ouvrir les portes extérieures les jours de grands vents. Quant au système de ventilation, il est aussi puissant que bruyant. Néanmoins, je suis persuadé que, lorsque la fin de la pandémie permettra de réoccuper ce site remarquable, la synergie qui ne pourra que découler de la proximité d’un aussi grand nombre de talents de toutes ces disciplines scientifiques nous propulsera vers l’infini, et plus loin encore.

Richard Leonelli


De gauche à droite, Daniel Boisclair (sciences biologiques), Richard Leonelli (physique), André Charette (chimie), Frédéric Bouchard (doyen, FAS), François Cavayas (géographie). Photo prise le 5 juin 2017 devant le chantier du Complexe des sciences.


Vue sur le grand atrium du Complexe des sciences. Photo prise le 3 juin 2020.